Aminata Fall et sa fille Yaya Kone
Aminata Fall et sa fille Yaya Kone en 1996 au Jazz Festival de Grenoble

Aminata FALL, une grande figure de la musique Sénégalaise

Dossier de presse 1997, Mamadou GUEYE
Née à Saint-Louis du Sénégal, dans le quartier de Guet-N'Dar,  "entre le fleuve et la mer" , Aminata FALL a marqué son temps, qui, au vu de ses récentes créations, continue de la plus belle manière et ne cesse de susciter l’admiration de nombreux mélomanes.

Très jeune, Aminata aidait sa mère dans la vente de cacahouètes qu’elle préparait. Cette activité lui permettait d’arpenter chaque jour les chemins de sa ville natale, qui la menait partout où se trouvait du monde. La tournée finissait souvent par le cinéma où elle entrait pour suivre le film à l’affiche. C’était pendant l’âge d’or du cinéma. C’est là qu’elle fit la découverte de Louis Armstrong, Mahalia Jackson et tant d’autres. Elle fut fascinée par leur musique venue de loin, qu’elle sentait et appréciait.

Dès lors, reprendre leurs morceaux à la maison devenait facile. Ce qu’elle faisait jusqu’au jour où en chantant une de ses voisines a cru que c’était la radio qui passait la voix d’une grande vedette de la chanson.
À partir de cet instant, dit-elle, je prie conscience que je savais chanter, dès lors que ma voix se confond avec celles des grands.

Un hasard heureux la conduira à un bal qui donnera à l’orchestre de « Star Jazz » l'occasion de la découvrir et de l’engager. Les circonstances de cette agréable rencontre, puisqu’elle en fut une, méritent d’être contées, car elles seront décisives sur sa future carrière.
En effet, en dansant, elle ne pouvait résister à l’envie de chanter. Elle en manifesta le désir. Fait insolite en ces temps où dans l’imagerie populaire une femme était destinée à autre chose qu’à avoir un micro devant elle, de surcroît pour chanter. Après un temps d’hésitation, l’orchestre accéda à sa demande.
Dès qu’elle saisit le micro, le public fut secoué par la chaleur de sa voix, haute, intonante et belle. Le doute et le scepticisme cédèrent la place à l’émotion et à l’émotion teintée de surprise. Ce fut le ravissement général, la joie débordante.

À partir de ce jour, le Sénégal comptait parmi ses enfants une grande chanteuse. Une nouvelle vie venait de commencer pour elle. Aminata entrait sans le savoir dans le monde de la musique qui l’accueillerait avec tous les honneurs.
L’orchestre qu’elle devait rejoindre dans la semaine qui suivit ce mémorable jour, connaîtra son apogée à travers le Sénégal et les pays limitrophes. La présence d’Aminata FALL en son sein rehaussa son prestige et lui fit gagner en renommée.
Devenue célèbre à cause de la qualité de ses prestations, Aminata FALL à son nom gravée en lettre d’or dans la conscience collective. Désormais elle est connue.

Elle participe au 1er Festival des Arts Nègres, elle est invitée à se produire aux côtés des grands de l’époque. Le succès obtenu est remarquable et en séduit plus d’un.

Quelques temps plus tard, c’est l’ ouverture du Théâtre Nationale Daniel Sorano, qu’elle intègre après y avoir été appelé. Une autre page de sa vie s’ouvre.
C’est ainsi que pendant plus d’une vingtaine d’année elle effectuera des tournées qui la conduiront dans plusieurs manifestation culturelles en France, Belgique, Mauritanie, Guinée, Côte d’Ivoire, Nigéria, Libéria,etc…
Le Théâtre Nationale Daniel Sorano lui donnera l’occasion de montrer les multiples facettes de son personnage, tant en chanteuse à l’Ensemble Instrumental Traditionnel qu’en comédienne à la Troupe Nationale Dramatique.

Sa mission accomplie, elle quitte fièrement le Théâtre pour aller à la retraite administrative. Sa déclaration d’alors retentit encore dans les mémoire "Je n’ai pas fini, je ne suis pas finie, je poursuit l’oeuvre que j’ai entamée".
Elle mettra ainsi à profit son temps pour améliorer son riche répertoire composé de chansons traitants des thèmes divers.
Plus libre, elle honorera de sa présence plusieurs manifestations auxquelles elle est invitée. Sur le plan international, les dernières en date sont celles de Grenoble. Elle est revenue, bardée de médailles, auréolée de gloire et de coupes.
Pendant certains spectacles, elle a eu droit à des "standing ovations" de plus de cinq minutes. Cette artiste multidimentionnelle excelle dans l’art de chanter, après des années d’efforts soutenus et constants, sous tendue par une ténacité de fer, elle a réussi à se faire un nom.
Une voix suave et chaude, un débit fluide et conséquent de mots significatifs, des thèmes variés sur la vie de tous les jours, Aminata à travers ses chants dont elle est l’ auteur, éduque, dénonce, décrit, rappelle et distrait.
On lui aura donné au fil des ans, une multitudes de surnoms et de qualificatifs : Mahalia Jackson, la perle noire, la diva, la cantatrice, la bombe…
Une forte présence sur scène, un personnage qui rappelle les grands noms du Rythm And Blues, du Blues et du Jazz : Aretha Franklin, Roberta Flack, Carlas Thomas… Aminata FALL ne cesse d’étonner à chacune de ses sorties.
Nombreuses sont les personnes de sa génération qui fredonnent encore ses titres qui ont fait tâche d’huile dans les hits parades des années soixante et soixante-dix et qui avaient gaiement ébranlé les esprits au sortir des grandes soirées du Théâtre National Daniel Sorano.

Parmi les nombreux festivals auxquels elle a participé, il faut signaler que certains lui ont permis de se produire aux côtés de grands artistes : Roy Haynes, Sibily Thomas, Frank Foster, Dizzy Gillepsie
Sa présence a été déterminantes dans les festivals et rencontres suivants :
- Festival Mondial des Arts Nègres Dakar en 1966.
- Festival Panafricain d’ Alger
- Festivals de Carthages
- Pré-Fespac Gorée
- Lancement Fespac – Nations Unies New York
- Journées Culturelles de Saint-Louis
- Festival Africain des Arts et de la Culture FESTAC Lagos en 1977
- Festival International de Jazz et de Musique Traditionnelle Dakar
- Festival de Jazz de Grenoble
- Festival des Arts du récit Saint-Martin-d’Hère.
- Tri-Centenaire de Molière Pézénas
- Festival d’ Avignon
- Concert de Jazz avec le groupe italien U Fiorentino
- Concert au Centre Français de Dakar en compagnie de plusieurs groupes ayant participé à la compilation. (K7)

Aminata a plusieurs cordes à son arc et c’est souvent qu’elle est appelée à participer à des films :
- Touki-Bouki (D.DIOP)
- Hyènes (D. DIOP)
- Le Gagnant (D. DIOP)
- X.Téléfilm (W. DIOP)
- Le Certificat (T.AW)
- Guélewar (S.SAMB M)
- Niwam (C. DELGADO)
- Lambaye (J. TRAORE)
- Bandit Cinéma (B. SEYE)
- Quand la guerre (Italie Doc)
- Retour aux sources (Suisse Doc)

Des téléfilms portent sa signature A. COOKER et FEXI WOLERE (la Trahison).
Elle a aussi participé à l’élaboration des certains documentaires traitant sur l’enfance avec des organismes internationaux.
Ses talents reconnus, ses qualités incontestables d’artistes ont conduit tout le monde à faire un constat unanime: Aminata FALL est une grande chanteuse et un avenir se dresse devant elle. En témoignent les nombreuses sollicitations dont elle est l’objet depuis la sortie de la compilation réalisée par le Centre Culturel Français et la Revue Noire, à laquelle elle a participé en même temps que d’autres.

Connue des auditeurs et téléspectateurs des plusieurs chaînes extérieures RFI – Afrique N°1 – France Culture – CFI, elle vient de déclarer que tel un oiseau qui reprend son envol, elle aborde une nouvelle carrière.

Tout cela n’empêche par Aminata FALL de mener une vie normale, à Dakar, en plein centre ville où elle est installée depuis qu’elle a quitté Saint-Louis. Elle se consacre, après son travail, à l’éducation de sa famille.
Ses distractions préférées sont la pêche, la natation et le cinéma.

Dans son premier album, aux titres aussi intéressants les uns que les autres, l’auditeur à l’embarras du choix. La thématique décrit un cercle où on retrouve des chants d’amour, d’histoire, de la nature...
GANE DOU DEUK elle dénonce l’apartheid et l’esclavage, retraçant d’ une manière dont elle a le secret, la situation telle qu’elle était vécue à Gorée.
KAN FORE : chant dans lequel elle met en valeur la bravoure et le courage d’un enfant, qui a réussi à tuer un lion qui terrorisait les populations dans le Nord-Est du Sénégal, il s’en suivit une histoire d’amour, car il épousera une belle jeune fille du nom de Natou NDIAYE appartenant à une très grande famille.
+ SANDEYE NDONGO : À travers cette chanson, le problème de la mendicité est remis sur la scellette. Le jeune garçon placé en éducation auprès d’un marabout est obligé pour se nourrir d’aller mendier. Les paroles qu’il prononce et la déclame d’Aminata formant la chanson. Elle est pleine d’émotion et captivante.
YAYE BOYE : En hommage à toutes les mères du Monde, ce chant dont les paroles font ressortir toutes les étapes que traverse l’enfant jusqu’à son adolescence sous la protection de sa maman, est un acte de reconnaissance à l’endroit de la Femme.
BO MA ROMBE : Un homme d’un certain âge demande la main d’une jeune fille. N’étant pas très sûr d’être aimé en retour, il promet une dote assez élévée, des gadgets et un voyage de noces. L’énumération des promesses est si pittoresque, qu’elle agrémente la beauté du morceau.
TWA BA NGUI NIEUW : L’eau c’est la vie, dit-on. Vérité ne peut être plus claire que celle-là. En Afrique l’eau est liée aux Génies, presque dans toutes les zones. Dans cette chanson, Aminata demande la pluie, l’eau à Dieu et aux Génies protecteurs sensés détenir les forces sur l’eau des fleuves, des mers et du ciel.