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Histoire des Damels du Cayor.
Au XVIe siècle, un descendant de
Ndiadiane Ndiaye,
Latmingué Diélène (
Latir Mengue Gnilane Njie) du Djolof a lancé plusieurs guerres contre les royaumes
Sérères. Bien que sa mère soit aussi une
Sérère du Saloum et un membre de la famille noble
Ndour et de la dynastie maternelle de
Guelvar, il ne réussit pas à coloniser le
Royaume du Sine, mais il a été victorieux à la bataille de Djilor (un territoire assez important de la famille Sarr). Il a également réussi à usurper le trône de la Maad Saloum (Roi du Saloum
Guiranokhap Ndong ou
"Giraanoxap Ndong".
Après sa victoire dans le Saloum, il a encouragé la migration de Wolofs du Djolof au Saloum
Les
Wolofs suivaient leurs filiations par les femmes, avec autant, sinon plus de soins que leurs filiations par les hommes. Seule la femme transmettait certains noms et certains droits. La famille par les femmes s’appellait «
Khêt»; elle devait seule hériter des droits politiques et des droits au pouvoir.
Les Damels étaient choisis dans les familles royales (
Garmi), les Khêt étaient au nombre de sept: les
Mouïoy, les
Ouagadou, les
Dorobé, les
Gueidj, les
Guélouar, les
Sogno et les
Bey, ces derniers étaient originaires du
Gabou (Kaabu) (
Mandingues) de la Haute-Casamance) contrairement aux autres qui étaient nés dans le pays.
La filiation paternelle existait aussi; cette famille s’appellait «
Sant», et le fils portait le nom de Sant de son père devant son nom personnel.
Le Cayor faisait autrefois partie du Royaume du Djolof; le Bourba Djolof nommait les différents chefs des Provinces du Cayor, qui sous les ordres d’un Laman (Laman est un nom Sérère qui signifie chef de territoire), également nommé par lui, administrait le pays.
Vers 1549,
Déthié Fou Ndiogou (Mouïoy de Khêt et Fall de Sant) fut le dernier à porter le titre de Laman du Cayor et le 1er à porter celui de Damel du Cayor. Étant Laman il aurait épousé
Ouagadou Ngoné Ndiaye, soeur du Teigne du Baol,
Gnokhor Ndiaye et eut un fils nommé
Amary Ngoné Sobel auquel le Cayor dut son indépendance.
Outre les tributs ordinaires, le Laman du Cayor devait, tous les ans, envoyé au Bourba Djolof
Lélé Fouli Fak Ndiaye une assez grande quantité de sable blanc, destiné à embellir le sol de son palais. Pendant 3 ans, le Laman
Déthié Fou Ndiogou négligea de payer cette coutume, si bien que redoutant la colère du Djolof
Lélé Fouli Fak Ndiaye, il n’osa plus aller dans le Djolof, ni même y envoyer quelqu’un pour régler les affaires du Cayor.
Son fils
Amary Ngoné Sobel, agé d’une vingtaine d’année, lui proposa d’aller porter lui même la coutume, et demanda une suite nombreuse pour l’accompagner.
Après bien des hésitations le Laman
Déthié Fou Ndiogou accepta et le fit escorter par 700
Ayor (guerriers libres du Cayor).
Amary Ngoné Sobel partit de
Palen-Ded, résidence de son père et arriva le lendemain matin, sur la frontière du Djolof. Là voulant être prêt à tout événement, il recommanda à ses gens de se munir de Diak (lance en bois dur), qu’ils se procurèrent dans les forêts voisines.
Arrivé à
Sagata, il fit décharger le sable et demanda à être reçu par le Bourba Djolof, qui refusa obstinément pendant huit jours.
Amary Ngoné Sobel, profondément humilié, donna ordre à ses gens de disperser tout le sable qu’ils avaient apporté et repartit avec eux en disant qu’il n’aurait plus, désormais, rien de commun avec un Djolof qui montrait un tel mépris pour ses sujets.
Ces propos furent répétés au Bourba Djolof
Lélé Fouli Fak Ndiaye, qui fit battre immédiatement ses tambours de guerre, réunit son armée et se mit à la poursuite des Ayor. Il les atteignit à
Dauki, mais fut complètement battu. Après cette victoire
Amari Ngoné Sobel se rendit à Kantar, dans le Cayor, et de ce village, envoya un courrier à
Palen-Déb, pour prévenir son père de ce succès.
Déthié Fou Ndiogou réunit immédiatement ses
Diambours (hommes libres du pays qui formaient ordinairement le Conseil), leur annonça la grande nouvelle, et leur déclara que le lien qui les attachait au Djolof était rompu; qu’il prenait le titre de Damel (de dame, casser, rompre), et demanda pour cela tous les boeufs existant entre
Mbaouar et
Mekhey. Cet ordre fut exécuté et en trois jours, 3.000 boeufs lui furent amenés.
À cette époque, les Ayor avaient l’habitude d’attacher aux cornes de leurs boeufs, un gros morceau de bois au bout d’une corde assez longue. Le Damel
Déthié Fou Ndiogou entra dans l’enclos des boeufs, pour en choisir quelques uns destinés à être tués le soir même; quand un taureau, probablement effrayé par la multitude de gens qui l’accompagnait, se mit à courir en tous sens, faisant voltiger en l’air, dans ses accès de rage, le lourd morceau de bois pendant à ses cornes, et qui frappa si violemment la tête de
Déthié Fou Ndiogou , qu’il mourut sur le coup.
En apprenant cette nouvelle, son fils
Amary Ngoné Sobel se rendit immédiatement à
Palen-Ded, pour ensevelir son père. Là son frère aîné,
Dialène Yasser, appuyé de deux de ses frères
Tié Yacine et
Tié Ndella, voulut se faire élire Damel; mais la plupart des
Ayor, s’étant déclarés pour
Amary Ngoné Sobel , celui-ci fut nommé Damel, et ses frères reconnurent son autorité.
Trois jours après,
Gnokor Ndiaye, Teigne du Baol, l’oncle d’
Amary Ngoné Sobel (Fall de Sant et 1er Ouagadou de Khêt), mourut. Il se rendit avec son armée au Baol, et le titre de Teigne lui fut offert, sans qu’une goutte de sang fut versée. Il passa un mois à
Lambaye, capital de ses nouveaux états, puis revint à
Palen-Ded, il résolut de fonder, dans le Cayor, une nouvelle résidence royale, car
Palen-Ded, suffisante pour un Laman tributaire, n’était pas en harmonie avec la puissance d’un Damel-Teigne.
Un
Marabout le voyant embarrassé sur le choix de l’emplacement de sa capitale, lui conseilla de faire faire un bon
Grigri, de l’attacher au cou d’une tourterelle, et de fonder un village à l’endroit où l’oiseau se poserait. Le Damel
Amary Ngoné Sobel accepta, la tourterelle alla se percher sur un arbre appelé «
Nguiguis» en
Wolof, et un village de ce nom fut immédiatement fondé d’après les conseils du
Marabout.

L’oiseau resta perché, sur le «
Nguiguis» une partie de la journée, puis s’envola et alla se reposer sous un arbre connu sous le nom de «
Boul», près duquel le village de
Mboul fut fondé. La tourterelle passa la nuit sur l’arbre et, le lendemain matin, s’envola et sortit du Cayor sans toucher terre.
Carte 1690 du Sénégal (Source Gallica - BNF)

Amary Ngoné Sobel choisit
Mboul pour capitale; mais à peine installé, le Bourba Djolof entra dans le Cayor, dans l’espoir de se rendre Maître du pays. Le Damel réunit ses guerrier et rencontra l’ennemi à
Deyssimbe. L’armée du Djolof fut détruite et le Bourba,
Sitakhoune Galamba, pris et tué.
Amary Ngoné Sobel épousa la nièce de son père,
Tako Yougo, dont la mère était de même père et de même mère que
Déthié Fou Ndiogou. De cette union naquit
Massamba Tacko, auquel
Amary Ngoné Sobel fit épouser sa propre soeur
Tioro Ndiéguène. Il espérait ainsi que de ce mariage naîtrait des enfants
Ouagagou et que le titre de Damel resterait dans cette famille, au détriment de son fils
Massamba Tacko (Mouöy de Khêt), auquel il avait donné les titres de
Diambour Mbaoua, de
Bédienne Mbédienne et
Bourmi Ngourane, attribués ordinairement aux héritiers présomptifs du titre de Damel.
Lorsque
Tioro Ndiéguène fut enceinte, son frère le Damel
Amary Ngoné Sobel l’enleva et la cacha au Baol, dont elle était la
Linguère. Il dit ensuite à son mari,
Massamba Tacko, qu’elle était morte et avait été enterrée secrètement. Celui-ci le croyant se remaria avec
Khouredjia Kouly (Sogno de Khêt) dont il eut 3 fils;
Makhourédia Kouly,
Biram Mbanga Khouredia Kouly et
Daou Demba Khourédia Kouly.
Tioro Diéguène accoucha, dans le Baol, d’un fils nommé
Mamalik. Le Damel
Amary Ngoné Sobel, ne pouvant faire venir celui qui devait lui succéder, et désireux de suivre sa croissance, envoya tous les ans, à sa mère, une calebasse pleine de farine de mil dans laquelle l’enfant imprimait l’empreinte de son pied; cette calebasse rapportée à son oncle, lui permettait d’estimer la taille de son neveu.
Quand il le jugea suffisamment avancé en âge, il le fit venir à
Mboul, appela
Massamba Tacko, et plaçant entre eux une calebasse pleine de couscous, les laissa en les invitant à manger.
Ils prirent d’ abord leur repas en silence, puis
Mamalik s’étant approprié le morceau de viande,
Massamba Tacko lui arracha des mains disant: ne peux tu me laisser cette viande? Ne sais tu donc pas que je suis fils de DamelTeigne et de
Linguère et que je porte les titres de
Diambar,
Bédienne et
Bourmi. Je ne te dois rien, lui répondit
Mamalik, se sais tu donc pas que je suis fils de
Diambar,
Bédienne et
Bourmi, neveu du Damel-Teigne et fils de la
Linguère Tioro Diéguène.
Massamba Tacko reconnaissant son fils dans ce convive étranger, sans mot dire, se leva, jeta la viande sur le couscous et partit.
Mamalik alla aussitôt raconter au Damel
Amary Ngoné Sobel, ce qui venait de lui arriver avec son père et le Damel le renvoya immédiatement dans le Baol dont il le nomma
Tialao, titre correspondand dans le Baol à ceux de
Diambar,
Bédienne et
Bourmi dans le Cayor.
Il lui dit qu’à sa mort, les
Diambours du Baol le nommerait Teigne pour le remplacer, mais que s’il restait dans le Cayor, son père
Massamba Tacko le ferait certainement assassiner.
Malgré leur différence de Khêt,
Diété Fou Ndogou et
Amary Ngoné Sobel, comptent parmi les Fall-Madior.
Linguère est un titre honorifique auquel est attaché un commandement territorial accordé par le Damel à une femme, qui devient la première femme du pays. Les conditions indispensables pour obtenir ce titre est d’être fille d’un Damel, et d’avoir pour mère une fille de Damel.
Vers 1593, le Damel
Amary Ngoné Sobel mourut, son fils,
Massamba Tacko (Fall-Madior de Sant, 2e Mouïoy de Khêt) fut nommé 3 ème Damel du Cayor et son fils
Mamalik Teigne du Baol.
Dès que le Bourba Djolof
Biram Tieouali Dialène, successeur de
Sitakhoune Galamba, apprit sa mort, il envahit le Cayor avec une armée considérable, mais le Damel
Massamba Tacko l’atteignit à
Ouélin-Garra, et le mit en fuite; le Bourba Djolof
Biram-Tieouali-Dialène fut capturé et tué.
Vers 1600,
Mamalik, Teigne du Baol, brûlant du désir de devenir Damel-Teigne, envahit le Cayor avec ses partisans du Baol. Les Ayor conseillèrent au Damel
Massamba Tacko, de se retirer dans les provinces les plus reculées du Cayor, afin de réunir son monde; mais il s’y refusa, disant qu’il irait retrouver son fils
Mamalik avec peu de gens pour lui prouver qu’il ne lui voulait pas de mal; tandis que s’il réunissait ses forces,
Mamalik serait certainement battu et probablement tué; ce qu’il voulait éviter à tous prix. Il partit donc avec une poignée d’hommes et arriva à
Ngolgol où était campé le Teigne du Baol
Mamalik et son armée.
Dès que la petite troupe du Damel fut en vue, les gens du Baol, dix fois supérieur en nombre, se précipitèrent sur elle et, malgré une défense héroïque la mirent en fuite. Le Damel
Massamba Tacko couvert de la honte de sa défaite et de la mauvaise conduite de son fils, se fit prendre. Il fut conduit vers le Teigne Mamakik, qui ordonna sa mise à mort; ce qui fut fait.
En mémoire de ce combat et des paroles prononcées par
Mamalik: «Que les corbeaux ne l’emporte pas au loin»: c’est à dire que personne ne parle jamais devant moi de cet événement. Ce lieu fut appelé
Ndiol-Bakhign (de Ndiol, emporter et Bakhigne, corbeau).
Cependant, les trois fils de
Massamba Tacko et de
Khouredjia-Kouly, c’est à dire
Makhourédia Kouly,
Biram Mbanga Khouredia Kouly et
Daou Demba Khourédia Kouly qui se trouvaient le premier à
Mbédienne, le second à
Ngourane et le troisième à
Ndiambar, avaient réuni leurs forces pour secourir leur père.
À leur approche le Teigne
Mamalik rentra dans le Baol et
Makhourédia Kouly (Fall de Sant, 1er Sogno de Khêt) revint à
Mboul où il fut reconnu comme 4 ème Damel du Cayor.
Vers 1610, le Damel
Makhourédia Kouly mourut, son frère
Biram Mbanga Khouredia Kouly (Fall de Sant, 2éme Sogno de Khêt) lui succéda comme 5ème Damel du Cayor.
En 1640
Daou Demba Khourédia Kouly (Fall-Madior de sant, 3e Sogno de khêt), remplaça comme 6ème Damel du Cayor, son frère le Damel
Biram Mbanga Khouredia Kouly, décédé après 30 années de règne. Il vexa ses sujets de toutes les manières possibles, chassa les vieillards de sa présence, s’entourant d’enfants de seize à dix sept ans, sans la moindre expérience des affaires et du pays. Il les empêcha de se marier, de porter des culottes, de mettre du sel dans leurs couscous, disant que tout cela était bon pour les Rois et les Princes, mais nullement pour ses sujets.
En 1647, à la fête de
Tabaski, où il était d’usage d’aller saluer le Damel du Cayor à
Mboul, les
Khaganes (Diambours du Cayor), après les salutations ordinaires, se regroupèrent autour de leur chef
Ncotch-Barma et décidèrent de déposer le Damel
Daou Demba Khourédia Kouly, dont tout le pays était mécontent. Leurs dispositions prisent, l’un deux alla le voir et lui dire qu’ils le tueraient, s’il refusait de se retirer.
Daou Demba Khourédia Kouly partit accompagné de quelques fidèles, et demanda asile au
Brak du
Waalo, à trois jours de marche. Celui-ci lui accorda l’hospitalité et lui donna le village de
Mbéraye, où il mourut peu de temps après.
Il fut remplacé par
Madior Fatim Golagne (Fall-Madior de sant, 3e Mouïoy de khêt), comme 7ème Damel. C’était un fils de
Massamba Tacko, 2ème Damel Mouïoy et de sa nièce
Fatim y Gologne.
Il régna 17 ans, sans qu’un seul coup de feu fut tiré dans le Cayor, il fut plein de sagesse, d’intelligence et de douceur. Pour reconnaître ses bienfaits, son peuple décida que le nom de
Madior serait ajouté à son nom de Sant,
Fall, et que la distinction remonterait jusqu’à son grand-père,
Déthié Fou Ndiogou.
Tout comme son père, afin d’avoir le plus possible de Damel dans la famille, il épousa sa nièce
Yacine Boubou, dont il eut un fils
Biram Yacine Boubou, qui lui succédera.
Vers 1664,
Biram Yacine Boubou (Fall-Madior de Sant, 4ème Mouïoy de Khêt), remplaca
Madior Fatim Golagne (Fall-Madior de Sant, 3e Mouïoy de Khêt), décédé. Aussitôt reconnu comme Damel, il rassembla son armée et envahit le Baol pour forcer le Teigne
Mbar-Bouri à lui abandonner son titre et son royaume, mais il fut battu à
Ngol (Baol) et sans être une déroute, sa défaite fut assez complète pour le forcer à rentrer au Cayor.
Avant son règne, il avait une réputation de bravoure et de courage. Il aurait introduit la
Khalam (guitare) dans le Cayor. Il nomma sa mère
Yacine Boudou , Linguère.
Biram Yacine Boudou avait deux soeurs du même père et de la même mère que lui,
Faly Gueye et
Maram Ngalngou. La première épousa un frère de
Madior Fatim Golagne, dont elle eut un fils nommé
Mafaly et mourut peu après; sa soeur
Maram Ngalngou épousa alors son beau-frère (ex mari de
Faly-Gueye) et en eut un fils
Déthié Marame Ngalngou, qui lui succédera.
En 1681
Déthié Marame Ngalngou ( Fall-Madior de Sant, 5ème Mouïoy de Khêt), succèda à
Biram Yacine Boudou, comme 9 ème Damel du Cayor. Il destitua la Linguère
Yacine-Boudou et la remplaça par sa mère
Maram-Ngalugou. Pour se venger,
Yacin-Boudou réunit ses captifs et alla s’offrir en mariage à
Ndiaye-Sall, Marabout et Cadi du Cayor, à condition de faire cause commune avec elle contre son neveu le Damel
Déthié Marame Ngalngou.

Gravure 1670 Damel du Cayor faisant payer des droits au vaisseaux européens

Habit homme et femme Sénégal vers 1682
En 1683, dans le village de
Khéléré, eut lieu une bataille, entre
Ndiaye-Sall Marabout et Cadi du Cayor à la tête de musulmans révoltés, aidé de son épouse
Yacine-Boudou, (ex Linguère destituée) contre son neveu
Déthié Marame Ngalngou, Damel du Cayor en titre, qui y perdit la vie.
Le Cadi
Ndiaye-Sall fit nommé comme 10ème Damel du Cayor,
Mafaly Gueye (Fall-Madior de Sant, 6e Mouïoy de Ket), le frère de
Déthié Marame Ngalngou, mais des Talibés, l’ayant surpris un jour à boire de l’Eau de vie, il fut assassiné par ordre du chef des musulmans. Il régna 6 mois.
En 1684,
Makhourédia Diodio Diouf (Fall-Madior de Sant, 1er Guélouar de Khêt), alors Bour Saloum, fils du Damel
Massamba Tacko et de la
Gélouar Coumba-Diodio, apprit les événements du Cayor, il se hâta d’arriver avec une armée, et il battit le Cadi
Ndiaye-Sall au même endroit à
Khéléré.
À la suite de cette défaite le pouvoir musulman tomba.
Makhourédia Diodio Diouf fut immédiatement nommé 11ème Damel du Cayor, sous le titre de Damel-Bour-Saloum. Il passait d’ordinaire l’hivernage dans le Cayor et la saison froide dans le Saloum.
Le Petit Brak résidait dans le pays d’Houal, proche de Maka, qui en est une escale à 8 lieues du Fort de Saint-Louis; il relevait aussi du Damel du Cayor, actuellement
Makhourédia Diodio Diouf, à cause d’une seigneurie ou principauté appelée Gangueul, (Gandiol) qu’il tenait de lui et qui n’était pas loin de
Bieurt

Carte ethnies Sénégal - (Source Gallica - BNF)
Le Petit Brak avait le privilège de pouvoir faire prendre par ses gens tout homme ou animal et les revendre si ceux à qui ils appartennaient, ne pouvaient pas les racheter. Si le Brak du Waalo venait à mourir, c’est lui qui le remplacerait, la succession se faisant parmi les oncles ou frères, ou tout autre parent pourvu qu’il soit le fils d’une femme de la lignée royale. Le choix se portait ordinairement sur le plus ancien et le plus honnête de tous les héritiers. Sitôt sur le Trône, le nouveau Brak prenait pour femme, une de ses parentes de la lignée royale.
Michel Jajolet de la Courbe apprit que le Brak du Waalo, dont le Royaume, où se situait la Colonie dépendait du Damel du Cayor
Makhourédia Diodio Diouf, était à
Montaubé, à deux lieues de Saint-Louis. Il était de coutume de lui rendre visite et de lui porter un présent, ainsi qu’à tous les grands du pays qui l’accompagnaient. Il fit donc armer une barque et accompagné du Sieur
de Ronsy, garde-magasin et de deux autre commis, se rendit au village, où il tira un coup de canon pour l’avertir de son arrivée.

Carte 1690 du Sénégal (Source Gallica - BNF)
Le Brak lui parla d’un voyage qu’il allait faire à la Cour du Damel du Cayor,
Makhourédia Diodio Diouf.
Le Damel était un titre commun à tous les Rois de ce pays, qui s’étendait depuis la rivière du Sénégal jusqu’à environ 5 lieues au delà du Cap-Verd, un lieu nommé «
Bregny».
Le Brak devait aller voir
Makhourédia Diodio Diouf, 11ème Damel-Bour-Saloum du Cayor, pour le remercier du pays qu’il lui avait donné et demanda conseil à
Michel Jajolet de la Courbe, qui lui dit puisqu’il était persuadé que le Damel,
Makhourédia Diodio Diouf était de ses amis, et qu’il lui avait donné des marques par le présent qu’il lui avait fait, il ne devait pas faire de difficulté de se soumettre à sa bonne foi, que cependant il devait toujours se tenir sur ses gardes, et ordonner à ses gens de ne pas le quitter. Ils approuvèrent tous ce conseil en disant «
degala» et «
rafetman», c’est à dire fort bien, il est vrai.
Le Brak le pria de lui prêter quelques écharpes, macatons d’argent et autres ornements afin de paraître plus leste. Mais
Michel Jajolet de la Courbe considérant que prêté au Brak, était autant de perdu, s’en excusa en lui disant qu’il avait tout envoyé à la Traite. Voyant son air chagrin de ne pouvoir paraître dans ce voyage extraordinaire, il lui dit qu’il se souvenait, qu’il restait encore 2 écharpes au magasin et qu’il les lui prêterait avec un sabre argenté, ce qui lui fit plaisir.
Le Brak prit congé, en sortant de la barque ses éperons lui furent rendu, il prit sa sagaie longue comme une demi pique, monta sur son cheval à gauche, en mettant le pied droit à l’étrier, il prit la bride et le pommeau de la selle de la main gauche et s’appuyant à droite sur sa sagaie, il s’élança sur son cheval; tout sa suite ayant fait la même chose; ils se mirent à courir pour faire voir leur adresse, faisant mine de lancer leurs sagaies au bout de la carrière; puis ils revenaient à toute bride au bords de l’eau; ayant fait plusieurs fois ce manège, ils se retirèrent.
Au début de 1686,
Michel Jajolet de la Courbe ayant trouvé dans les archives du poste, un mémoire du Sieur
De Launay, qui avait précédé
Louis Moreau de Chambonneau à ce poste, donnant des renseignements sur le commerce à essayer dans la région du Bourba-Djolof, où il pensait qu’il était possible de ramener des captifs par terre, et les cuirs en barques à travers le
Panié-Foul, à l’époque de la crue; il y envoya un commis appelé
Georges, avec deux bateaux pour y faire la traite.
Lorsque
Makhourédia Diodio Diouf, 11ème Damel-Bour-Saloum du Cayor apprit que les français voulaient aller traiter chez son voisin, le Bourba-Djolof, il leur fit dire, qu’il leur interdisait de passer par ses Etats; il craignait que ce nouveau commerce nuisit aux paiements des coutumes.
Michel Jajolet de la Courbe s’entendit avec le Brak, et déclara au Damel
Makhourédia Diodio Diouf, qu’il ferait passer ses commis par le Waalo.

Carte 1690 du Sénégal (Source Gallica - BNF)
En 1691,
Makhourédia Diodio Diouf décèda, il fut remplacé par son frère de père,
Biram Mbenda Thilor (Fall-Madior de Sant, 1er Dorobé de Khêt) qui sera le 12ème Damel du Cayor. C’est le premier Damel Dorobé.
Peu de temps après son avènement au trône,
Madiakhère Dieng, Prince Mouïoy, allant se baigner dans un étang à 2 ou 3 kilomètres de Ndiakher, se vit suivi par temps de monde, qu’il résolut de s’emparer du pouvoir. Il se mit en route pour assiéger Mboul. Le Damel
Biram Mbenda Thilor vint à sa rencontre, mais fut repoussé; alors il envoya la nuit son captif
Massamba, pour le tuer d’un coup de lance.
En 1693,
Biram Mbenda Thilor, décèda, son cousin
Dethialao Bassine Sourang (Fall-Madior de Sant, 1er Bey) lui succéda comme 13 ème Damel du Cayor, c’était le fils du frère de son père.
Bey est le nom d’une famille de
Diambar. Il avait été nommé par les
Ayor pour sa sagesse et sa bonté.
En 1697, le Damel du Cayor
Dethialao Bassine Sourang devint aveugle. Les gens du Cayor appelèrent
Lat Soukabé Ngoné Dièye (Fall-Tié-Yacine de Sant, 1er Gueidj de Khêt), alors Teigne du Baol, pour le nommer 14ème Damel-Teigne du Cayor.
Le Baol était le théâtre de luttes acharnées. à la mort du Teigne
Tié-Yacine, sont fils
Biram-Codou, qu’il avait eu d’une femme Dorobé nommée
Codou-Ngaye, prit le titre de Teigne, après de longues luttes où il reçut des blessures graves qui l’empêchèrent de s’occuper de ses affaires pendant quelques temps. Il confia le maniement de ses affaires jusqu’à sa guérison à son frère paternel,
Lat Soukabé Ngoné Dièye dit Lat-Soukabé, le fils d’une femme Diambour, nommée
Ngoné Dièye. Les gens du Baol lui conseillèrent de ne pas rendre le pouvoir, après avoir refuser d’écouter, au bout de quelques temps
Lat Soukabé Ngoné Dièye se résolut à profiter de cette occasion pour prendre le pouvoir. Quand
Biram-Codou voulut reprendre les affaires, il refusa, il y eut une bataille à
Bittiou, où
Biram-Codou et son frère
Massamba-Codou furent tués.
Lat Soukabé Ngoné Dièye fut nommé Teigne et prit le nom de
Gueidj, parce que les ancêtres de sa mère, après avoir été chassés de la rive droite du Sénégal par les «Maures», s’étaient établis dans le Cayor du côté de la mer (gueidj). Il inventa cela pour ne pas avoir l’humiliation de porter un nom de Khêt de simple Diambour.
Il fut le 2ème Damel-Teigne et le premier des Fall-Tié-Yacine de Sant et des Gueidj de Khêt, tout ceux qui l’avaient été des Fall-Madior.
Au commencement de son règne, il épousa sa cousine
Teinde-Ouedji (Gueidj) dont il eut un fils
Meïssa Teinde Wedj.