ANNALE SÉNÉGALAISES DE 1854 à 1885

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Ouvrage publié en 1885 avec l' autorisation du Ministre de la marine, par les éditions Maisonnneuve et Co, Leclerc à Paris, 25, quai Voltaire.

Avant-Propos

La connaissance des Traités qui nous lient avec les différents États indigènes du Sénégal intéresse tout le monde dans la colonie ; les fonctionnaires et militaires tout naturellement, puisqu'ils peuvent être appelés à exercer quelque commandement territorial et à traiter certaines questions relatives à la politique du pays. Puis les commerçants, qui sont bien aises de savoir quel degré de sécurité, quelles garanties peuvent présenter leurs opérations commerciales avec telle ou telle population. C'est pourquoi nous publierons l’énumération complète de ces Traités.
Il ne sera pas non plus sans intérêt de voir à la suite de quels événements de guerre nous avons imposé nos conditions à des populations naguère encore si fières vis-à-vis de nous.
Nous ferons donc d'abord un récit succinct, un simple journal des guerres qui ont été menées à bonne fin au Sénégal et dont le résultat avantageux a été l'état actuel de nos relations avec les populations voisines.
On s'étonnera peut-être de nous voir, tout en étant très sobre de considérations politiques et autres, entrer dans des détails minutieux et même fastidieux de dates, de distances, d'heures de départ, d'effectif et de composition de colonnes énumérer les moindres coups de main, les moindres razzias; nous l'avons fait avec intention là encore dans un but d'utilité.
On peut avoir à opérer de nouveau, au moins momentanément, dans certaines parties du pays, et il sera précieux, pour ceux qui commanderont alors nos colonnes, de savoir ce qu'on peut faire sous ce climat, avec des moyens donnés en troupes et on matériel, de connaître la longueur des étapes, les heures du jour et de la nuit où les blancs peuvent marcher, les itinéraires que l'on peut suivre, dans quelle saison on peut parcourir telle ou telle province, les lieux où campent ordinairement les Maures et où l'on peut faire des razzias sur eux, ceux où ils passent le fleuve le plus habituellement; la manière d'attaquer ou de se défendre des différents peuples, jusqu'à quel point ils sont redoutables, et comment il faut s'y prendre pour les réduire.
Jusqu'en 1854, nous n'occupions au Sénégal que quelques territoires très restreints et les plus puissants des chefs indigènes nous considéraient comme leurs tributaires. On payait encore tous les ans, et avec un certain cérémonial, à un petit chef noir de quelques cases dans l’ île de Sor, le loyer du terrain sur lequel est bâtie la ville de Saint-Louis.
Ces coutumes, que nous étions forcés de payer aux moindres chefs, et que les Ouolofs appelaient Amkoubel étaient désignées par les Maures sous le nom de djeziay mot arabe qui signifie : le tribut religieux que les infidèles juifs ou chrétiens doivent payer aux musulmans pour obtenir d'eux la paix.
Aujourd'hui les choses sont bien changées, et nous possédons, d'une part, vers l'intérieur, de Saint-Louis jusqu'au Niger, et, d'autre part, le long de la côte, du cap Blanc à la Mellacorée, des territoires considérables dont la superficie égale celle de l'Algérie.
Comme on le verra dans ces Annales il a fallu trente années de luttes intermittentes pour arriver à ce résultat; mais, pour ne pas s'exagérer les choses, il convient de remarquer que les forces militaires du Sénégal n'ont jamais dépassé trois bataillons d'infanterie, dont deux indigènes, un escadron de spahis, mi-partie français et indigène, et deux batteries d'artillerie. Dans deux circonstances seulement, la colonie demanda et obtint renvoi momentané de France, en 1854, d'une section du génie, et d'Algérie, en 1860, de trois compagnies de tirailleurs algériens et d'un peloton du train des équipages.
Nous espérons être entrés aujourd'hui dans une période de paix; celte paix ne peut qu'être consolidée par l'établissement des voies ferrées et nous devons chercher à la rendre féconde. Pour cela, la première condition est de bien administrer les populations soumises. Les commandants de cercles et de postes devront mettre tous leurs soins, toute leur vigilance à maintenir la tranquillité dans leur commandement, afin que les indigènes puissent travailler et produire en toute sécurité pour alimenter nos comptoirs de leurs produits, et qu'ils reconnaissent que notre domination leur est avantageuse.
En raison de la différence de races et de religion, il faut les laisser, autant que possible, régler eux-mêmes leurs affaires intérieures. Il faut cependant surveiller leurs chefs pour s'opposer aux exactions qu'ils voudraient commettre, tout en leur montrant la considération sans laquelle ils n'auraient plus aucune autorité sur leurs administrés et ne pourraient plus être rendus responsables du bon ordre.
En agissant ainsi, les commandants territoriaux rendront des services aussi méritoires que les plus brillants services de guerre. Ils contribueront aux progrès déjà si remarquables de la colonie qui possède aujourd'hui des routes, des ponts, des plantations, un port, des phares, des lignes télégraphiques et des voies ferrées, toutes choses dont elle était dépourvue en 1854, époque où son commerce ne montait qu'à 20 millions, tandis qu'il est aujourd'hui de 50 millions.

  • Expédition du Dimar et Conquête du Ouala 1851-1855

  • Guerre contre les Trarza et leurs alliés du Oualo et des Brakna 1855-1860

  • Guerre contre Al-Hadji-Oumar et ses adhérents 1855-1867

  • Expéditions de Nguik, Niomré, Sine, Saloum 1856-1861

  • Expéditions de la Haute et Basse-Casamance 1860-1865

  • Expéditions du Cayor 1861-1883

  • Expéditions contre les Sérère 1862-1883

  • Expéditions contre le Fouta 1862-1881

  • Campagnes de pénétration vers le Niger 1880-1885