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Histoire des Damels du Cayor 1650-1699.


Vers 1664, Biram Yacine Boubou (Fall-Madior de Sant, 4ème Mouïoy de Khêt), remplaca Madior Fatim Golagne (Fall-Madior de Sant, 3e Mouïoy de Khêt), décédé. Aussitôt reconnu comme Damel, il rassembla son armée et envahit le Baol pour forcer le Teigne Mbar-Bouri à lui abandonner son titre et son royaume, mais il fut battu à Ngol (Baol) et sans être une déroute, sa défaite fut assez complète pour le forcer à rentrer au Cayor.
Avant son règne, il avait une réputation de bravoure et de courage. Il aurait introduit la Khalam (guitare) dans le Cayor. Il nomma sa mère Yacine Boudou , Linguère.
Biram Yacine Boudou avait deux soeurs du même père et de la même mère que lui, Faly Gueye et Maram Ngalngou. La première épousa un frère de Madior Fatim Golagne, dont elle eut un fils nommé Mafaly et mourut peu après; sa soeur Maram Ngalngou épousa alors son beau-frère (ex mari de Faly-Gueye) et en eut un fils Déthié Marame Ngalngou, qui lui succédera.

En 1681 Déthié Marame Ngalngou ( Fall-Madior de Sant, 5ème Mouïoy de Khêt), succèda à Biram Yacine Boudou, comme 9 ème Damel du Cayor. Il destitua la Linguère Yacine-Boudou et la remplaça par sa mère Maram-Ngalugou. Pour se venger, Yacin-Boudou réunit ses captifs et alla s’offrir en mariage à Ndiaye-Sall, Marabout et Cadi du Cayor, à condition de faire cause commune avec elle contre son neveu le Damel Déthié Marame Ngalngou.

Gravure 1670 Roi du Cayor Cap-Vert faisant payer des droits au vaisseaux européenx
Gravure 1670 Damel du Cayor faisant payer des droits au vaisseaux européens



Habit homme et femmes Sénégal vers 1682 - Source Gallica
Habit homme et femme Sénégal vers 1682



En 1683, dans le village de Khéléré, eut lieu une bataille, entre Ndiaye-Sall Marabout et Cadi du Cayor à la tête de musulmans révoltés, aidé de son épouse Yacine-Boudou, (ex Linguère destituée) contre son neveu Déthié Marame Ngalngou, Damel du Cayor en titre, qui y perdit la vie.
Le Cadi Ndiaye-Sall fit nommé comme 10ème Damel du Cayor, Mafaly Gueye (Fall-Madior de Sant, 6e Mouïoy de Ket), le frère de Déthié Marame Ngalngou, mais des Talibés, l’ayant surpris un jour à boire de l’Eau de vie, il fut assassiné par ordre du chef des musulmans. Il régna 6 mois.

En 1684, Makhourédia Diodio Diouf (Fall-Madior de Sant, 1er Guélouar de Khêt), alors Bour Saloum, fils du Damel Massamba Tacko et de la Gélouar Coumba-Diodio, apprit les événements du Cayor, il se hâta d’arriver avec une armée, et il battit le Cadi Ndiaye-Sall au même endroit à Khéléré.
À la suite de cette défaite le pouvoir musulman tomba. Makhourédia Diodio Diouf fut immédiatement nommé 11ème Damel du Cayor, sous le titre de Damel-Bour-Saloum. Il passait d’ordinaire l’hivernage dans le Cayor et la saison froide dans le Saloum.

Le Petit Brak résidait dans le pays d’Houal, proche de Maka, qui en est une escale à 8 lieues du Fort de Saint-Louis; il relevait aussi du Damel du Cayor, actuellement Makhourédia Diodio Diouf, à cause d’une seigneurie ou principauté appelée Gangueul, (Gandiol) qu’il tenait de lui et qui n’était pas loin de Bieurt

Carte ethnies Sénégal
Carte ethnies Sénégal - (Source Gallica - BNF)



Le Petit Brak avait le privilège de pouvoir faire prendre par ses gens tout homme ou animal et les revendre si ceux à qui ils appartennaient, ne pouvaient pas les racheter. Si le Brak du Waalo venait à mourir, c’est lui qui le remplacerait, la succession se faisant parmi les oncles ou frères, ou tout autre parent pourvu qu’il soit le fils d’une femme de la lignée royale. Le choix se portait ordinairement sur le plus ancien et le plus honnête de tous les héritiers. Sitôt sur le Trône, le nouveau Brak prenait pour femme, une de ses parentes de la lignée royale.

Michel Jajolet de la Courbe apprit que le Brak du Waalo, dont le Royaume, où se situait la Colonie dépendait du Damel du Cayor Makhourédia Diodio Diouf, était à Montaubé, à deux lieues de Saint-Louis. Il était de coutume de lui rendre visite et de lui porter un présent, ainsi qu’à tous les grands du pays qui l’accompagnaient. Il fit donc armer une barque et accompagné du Sieur de Ronsy, garde-magasin et de deux autre commis, se rendit au village, où il tira un coup de canon pour l’avertir de son arrivée.

Carte 1690 du Sénégal (Source Gallica - BNF)
Carte 1690 du Sénégal (Source Gallica - BNF)



Le Brak lui parla d’un voyage qu’il allait faire à la Cour du Damel du Cayor, Makhourédia Diodio Diouf.
Le Damel était un titre commun à tous les Rois de ce pays, qui s’étendait depuis la rivière du Sénégal jusqu’à environ 5 lieues au delà du Cap-Verd, un lieu nommé «Bregny».

Le Brak devait aller voir Makhourédia Diodio Diouf, 11ème Damel-Bour-Saloum du Cayor, pour le remercier du pays qu’il lui avait donné et demanda conseil à Michel Jajolet de la Courbe, qui lui dit puisqu’il était persuadé que le Damel, Makhourédia Diodio Diouf était de ses amis, et qu’il lui avait donné des marques par le présent qu’il lui avait fait, il ne devait pas faire de difficulté de se soumettre à sa bonne foi, que cependant il devait toujours se tenir sur ses gardes, et ordonner à ses gens de ne pas le quitter. Ils approuvèrent tous ce conseil en disant «degala» et «rafetman», c’est à dire fort bien, il est vrai.
Le Brak le pria de lui prêter quelques écharpes, macatons d’argent et autres ornements afin de paraître plus leste. Mais Michel Jajolet de la Courbe considérant que prêté au Brak, était autant de perdu, s’en excusa en lui disant qu’il avait tout envoyé à la Traite. Voyant son air chagrin de ne pouvoir paraître dans ce voyage extraordinaire, il lui dit qu’il se souvenait, qu’il restait encore 2 écharpes au magasin et qu’il les lui prêterait avec un sabre argenté, ce qui lui fit plaisir.

Le Brak prit congé, en sortant de la barque ses éperons lui furent rendu, il prit sa sagaie longue comme une demi pique, monta sur son cheval à gauche, en mettant le pied droit à l’étrier, il prit la bride et le pommeau de la selle de la main gauche et s’appuyant à droite sur sa sagaie, il s’élança sur son cheval; tout sa suite ayant fait la même chose; ils se mirent à courir pour faire voir leur adresse, faisant mine de lancer leurs sagaies au bout de la carrière; puis ils revenaient à toute bride au bords de l’eau; ayant fait plusieurs fois ce manège, ils se retirèrent.

Au début de 1686, Michel Jajolet de la Courbe ayant trouvé dans les archives du poste, un mémoire du Sieur De Launay, qui avait précédé Louis Moreau de Chambonneau à ce poste, donnant des renseignements sur le commerce à essayer dans la région du Bourba-Djolof, où il pensait qu’il était possible de ramener des captifs par terre, et les cuirs en barques à travers le Panié-Foul, à l’époque de la crue; il y envoya un commis appelé Georges, avec deux bateaux pour y faire la traite.

Lorsque Makhourédia Diodio Diouf, 11ème Damel-Bour-Saloum du Cayor apprit que les français voulaient aller traiter chez son voisin, le Bourba-Djolof, il leur fit dire, qu’il leur interdisait de passer par ses Etats; il craignait que ce nouveau commerce nuisit aux paiements des coutumes.
Michel Jajolet de la Courbe s’entendit avec le Brak, et déclara au Damel Makhourédia Diodio Diouf, qu’il ferait passer ses commis par le Waalo.

Carte 1690 du Sénégal (Source Gallica - BNF)
Carte 1690 du Sénégal (Source Gallica - BNF)



En 1691, Makhourédia Diodio Diouf décèda, il fut remplacé par son frère de père, Biram Mbenda Thilor (Fall-Madior de Sant, 1er Dorobé de Khêt) qui sera le 12ème Damel du Cayor. C’est le premier Damel Dorobé.
Peu de temps après son avènement au trône, Madiakhère Dieng, Prince Mouïoy, allant se baigner dans un étang à 2 ou 3 kilomètres de Ndiakher, se vit suivi par temps de monde, qu’il résolut de s’emparer du pouvoir. Il se mit en route pour assiéger Mboul. Le Damel Biram Mbenda Thilor vint à sa rencontre, mais fut repoussé; alors il envoya la nuit son captif Massamba, pour le tuer d’un coup de lance.

En 1693, Biram Mbenda Thilor, décèda, son cousin Dethialao Bassine Sourang (Fall-Madior de Sant, 1er Bey) lui succéda comme 13 ème Damel du Cayor, c’était le fils du frère de son père. Bey est le nom d’une famille de Diambar. Il avait été nommé par les Ayor pour sa sagesse et sa bonté.

En 1697, le Damel du Cayor Dethialao Bassine Sourang devint aveugle. Les gens du Cayor appelèrent Lat Soukabé Ngoné Dièye (Fall-Tié-Yacine de Sant, 1er Gueidj de Khêt), alors Teigne du Baol, pour le nommer 14ème Damel-Teigne du Cayor.
Le Baol était le théâtre de luttes acharnées. à la mort du Teigne Tié-Yacine, sont fils Biram-Codou, qu’il avait eu d’une femme Dorobé nommée Codou-Ngaye, prit le titre de Teigne, après de longues luttes où il reçut des blessures graves qui l’empêchèrent de s’occuper de ses affaires pendant quelques temps. Il confia le maniement de ses affaires jusqu’à sa guérison, à son frère de père, Lat Soukabé Ngoné Dièye dit Lat-Soukabé, le fils d’une femme Diambour, nommée Ngoné Dièye. Les gens du Baol lui conseillèrent de ne pas rendre le pouvoir, après avoir refuser d’écouter, au bout de quelques temps Lat Soukabé Ngoné Dièye se résolut à profiter de cette occasion pour prendre le pouvoir. Quand Biram-Codou voulut reprendre les affaires, il refusa, il y eut une bataille à Bittiou, où Biram-Codou et son frère Massamba-Codou furent tués. Lat Soukabé Ngoné Dièye fut nommé Teigne et prit le nom de Gueidj, parce que les ancêtres de sa mère, après avoir été chassés de la rive droite du Sénégal par les «Maures», s’étaient établis dans le Cayor du côté de la mer (gueidj). Il inventa cela pour ne pas avoir l’humiliation de porter un nom de Khêt de simple Diambour.
Il fut le 2ème Damel-Teigne et le premier des Fall-Tié-Yacine de Sant et des Gueidj de Khêt, tout ceux qui l’avaient été des Fall-Madior.
Au commencement de son règne, il épousa sa cousine Teinde-Ouedji (Gueidj) dont il eut un fils Meïssa Teinde Wedj.