Expédition du Dimar


En 1851 , les commerçants du Sénégal adressèrent au gouverneur de la colonie une pétition pour se plaindre de la situation intolérable qui leur était faite par les exactions et les brigandages des indigènes Wolofs, Maures et Toucouleurs; ils demandaient que , par un vigoureux effort, il fût mis un terme à cet état de choses, dût le commerce en souffrir pendant quelques années.
Ils demandaient spécialement :
La suppression des escales, sorte de foires annuelles où se faisait la traite des gommes sous la surveillance des chefs maures et dans des conditions humiliantes et onéreuses pour nous, et leur remplacement par des établissements de commerce permanents et fortifiés : l’ un à Dagana, où nous avions déjà un petit fort, l’ autre à Podor, où nous en avions eu un autrefois.
Le ministre ayant approuvé ce programme, le gouverneur du Sénégal reçut en bâtiments, troupes et approvisionnements ce qui était nécessaire pour en assurer l’ exécution.

Le 10 août 1853, à Saint-Louis, Aimé-César Vérand gouverneur du Sénégal et des dépendances, conclu une convention avec Mandoul-Abib le Roi des Trarza au sujet des naufrage.
Mandoul-Abib renonce au traité du 22 novembre 1850, par lequel il était attribué à Aboulaye, leur sujet, chef des maures de la tribu des Weslad-Besbas, 15 pièces de guinée toutes les fois que lui ou quelqu’un des siens se présenterait à Saint-Louis, pour donner avis que les français ont naufragé du Côté du Cap Blanc et 50 pièces de guinée par Européens naufragé qu’il ramènera ou fera ramener au Sénégal et s’ engage à exécuter et faire exécuter, gratuitement, toutes les clauses qui précèdent, imposées au chef de la tribu des Weslas-Besbas.

Convention conclu à Saint-Louis, le 10 août 1853, avec le Roi des Traza au sujet des naufrage

Convention conclu à Saint-Louis, le 10 août 1853, avec le Roi des Traza au sujet des naufrage . Sources : Recueil des Traités de la France (Jules de Clerq) Tome 6 page 382 – Gallica-BNF.



Le 30 janvier 1854, Auguste-Léopold Protet, capitaine de frégate, puis capitaine de vaisseau, remplace Aimé-César Vérand, au poste de Gouverneur par intérim du Sénégal.

Auguste Léopold Protet

Auguste Léopold Protet (1808-1860)

Expédition du Dimar

Source Annales sénégalaise 1854-1885 - Gallica BNF
Le 18 mars 1854, le gouverneur, capitaine de vaisseau Auguste-Léopold Protet, quitta Saint-Louis et se transporta avec tout son monde et tous ses moyens à Podor, où on s'attendait à une grande résistance de la part des Toucouleurs, mais que l’ on trouva, au contraire, abandonné. Les travaux du poste fortifié, dirigés par le capitaine du génie Faidherbe, commencèrent le 27 mars ; le 1er mai, le fort était achevé.

On avait à se venger d'agressions commises par les Toucouleurs du Dimar et spécialement par ceux de Dialmatch. Pendant la construction du poste de Podor, ils vinrent enlever un enseigne de vaisseau qui chassait à une petite distance du camp français. Ils s'étaient figuré, par ce moyen, nous empêcher de les attaquer, ayant écrit au gouverneur que s'il marchait sur Dialmatch, ils tueraient cet officier.
Naturellement on ne tint aucun compte de leurs menaces et le gouverneur se porta avec toutes ses forces devant Dialmatch.

La colonne débarqua à Fanaye le 6 mai 1854, sans rencontrer de résistance. Après une marche longue et pénible, elle n' arriva qu'à onze heures du matin en vue de Dialmatch, qui dans le pays était réputé imprenable. Les femmes et les enfants l’ avaient évacué et 2000 défenseurs, armés de fusils, garnissaient les créneaux de l’ enceinte qui était en outre armée de deux pièces de canon de traite.

Pendant que les colonnes d'assaut se formaient, l'artillerie ouvrit le feu contre la ville. Les obus allumèrent quelques incendies mais ne purent faire brèche dans le tata, ni en déloger les défenseurs qui continuaient bravement à tirer, principalement contre les volontaires de Saint-Louis qui, poussant des cris, lançant leurs fusils en l'air, s'étaient portés en avant et tiraillaient inutilement contre un ennemi bien abrité. A ce jeu, ils perdirent une cinquantaine des leurs et se retirèrent.

Cependant les troupes régulières massées à 200 mètres de l'enceinte s'élancent à l'assaut, en trois colonnes, sous un feu très vif. Arrivées à 100 mètres, elles hésitent, puis s'arrêtent. Une vingtaine de soldais d'infanterie de la colonne du centre, avec quatre officiers, et le détachement des sapeurs du génie, dont il ne restait plus que cinq hommes debout sur dix, continuent seuls bravement leur mouvement en avant et atteignent le tata qu'ils cherchent à escalader ou dont ils embouchent les créneaux.

Bientôt les autres troupes, électrisées par cet exemple et entraînées par quelques officiers, reprennent le mouvement offensif et se rendent enfin maîtresses de Dialmatch dont les défenseurs s'enfuirent par l'extrémité opposée.
Nos pertes furent de 173 hommes tués ou blessés sur un effectif de 600 combattants.

Extrait carte du Fouta de Pleigneur en 1884

Source Gallica - BNF Carte du Fouta 1884 Pleigneur

Traité de paix et de commerce conclu à Saint-Louis, le 18 juin 1858, entre laFrance et les Chef du Dimar.
Entre le gouverneur du Sénégal, et ELIMAN ABDOUL-BOLY, chef du Dimar.
Louange à Dieu l’unique ! Que toutes ses bénédictions accompagnent ceux qui suivent le sentier de la justice.
Sous le règne de Napoléon III, Empereur des Français,
L. FAIDHERBE, lieutenant-colonel du génie, officier de la Légion d'honneur, gouverneur du Sénégal et dépendances, a conclu le traité suivant avec ELIMAN ABDOUL-BOLY, chef du Dimar :
Article 1er. — Tous les villages compris entre le marigot de N'dor ou Galanka et celui de Doué, réunis sous l'autorité d'Eliman-Abdoul-Boly, et formant la province du Dimar, déclarent, par l'organe du chef qu'ils ont choisi, se séparer complètement du Fouta. Le gouverneur reconnaît l'indépendance de ce nouvel État, ainsi que le chef Abdoul-Boly qu'il s'est nommé, et lui accorde sa protection.
Art. 2. — Abdoul-Boly s'engage à ne pas permettre que des étrangers, réfugiés dans son pays, viennent commettre aucun méfait sur les territoires annexés à la France. Si cela arrivait, il se reconnaît responsable du dommage causé et promet de livrer les coupables à la justice des Français.
Art. 3. — Le commerce continuera à se faire dans le Dimar, par les sujets français, tant à terre que sur les navires, sans qu'il soit exigé des traitants ou commerçants aucun tribut, coutume ou cadeau, de quelque nature et sous quelque forme que ce soit.
De leur côté, les gens du Dimar pourront circuler librement, avec leurs produits, dans tous les pays français, sans qu'il leur soit réclamé aucun droit ou tribut.
Art. 4. — Eliman-Abdoul-Boly s'engage à protéger les sujets français et leurs biens dans son pays, comme ses sujets et leurs biens sont protégés dans les pays français.
Il promet de rendre bonne et prompte justice pour tout délit qui serait commis par un des habitants de son pays au détriment d'un sujet français.
Art. 5. — Les Français pourront couper du bois et faire paître du bétail sur le territoire du Dimar. De leur côté, les sujets d'Eliman-Abdoul-Boly jouiront des mêmes avantages dans les pays soumis à la France.
Art. 6. — - Sont abrogées toutes les dispositions antérieures au présent traité qui servira seul, à l'avenir, de base aux relations politiques et commerciales entre l'État indépendant du Dimar et les Français.
Fait et signé en triple expédition, à Saint- Louis, le 18 juin 1858.
Signé : FAIDHERBE. Signé : ABDOUL-BOLY.
Nota. — Le Dimar fut annexé à la colonie en 1860.

Traité de paix et de commerce conclu à Saint-Louis, le 18 juin 1858, entre la France et les Chef du Dimar.

Traité de paix et de commerce conclu à Saint-Louis, le 18 juin 1858, entre la France et les Chef du Dimar Sources : Recueil des Traités de la France (Jules de Clerq) Tome 7 page 410 – Gallica-BNF.

Malgré ce fait d'armes les commerçants du Sénégal adressèrent au gouverneur de la colonie une nouvelle pétition. Reprenant et développant le programme énoncé dans la première , ils concluaient en disant qu'il était indispensable, dans l'intérêt de la colonie, d'avoir des gouverneurs y séjournant un temps assez long pour acquérir une connaissance suffisante du pays et une expérience sans laquelle rien de sérieux ne pouvait être fondé.

La suppression des escales et des coutumes nous mettait nécessairement aux prises avec les Maures.
Mohammed-El-Habib, roi des Trarza à qui, en 1830, une députation d'habitants et de négociants de Saint-Louis avait été envoyée pour demander la paix, avait pris l'habitude de dire, depuis cette démarche qui avait redoublé son arrogance, qu'à la première rupture avec les blancs il viendrait faire son salam dans l' église de Saint-Louis, et le chef des Azouna, Mohammed-Aly, se vantait de prendre la ville avec les seuls guerriers de sa tribu.
Certes les Européens faisaient bonne justice de ces propos extravagants, mais pour beaucoup d'habitants de Saint-Louis, ils exprimaient une vérité incontestable.
Quoi qu'il en soit, voici les ordres qui furent donnés par le ministère au gouverneur, en différentes dépêches de l' année 1854, pour changer les choses de fond en comble :

« Nous devons dicter nos volontés aux chefs Maures pour le commerce des gommes. Il faut supprimer les escales en 1854, employer la force si l’ on ne peut rien obtenir par la persuasion. Il faut supprimer tout tribut payé par nous aux États du fleuve, sauf à donner, quand il nous plaira, quelques preuves de notre munificence aux chefs dont nous serons contents. Nous devons être les suzerains du fleuve. Il faut émanciper complètement le Oualo en l’ arrachant aux Trarza et protéger en général les populations agricoles de la rive gauche contre les Maures. Enfin, il faut entreprendre l’ exécution de ce programme avec conviction et résolution. »


Des démarches furent faites auprès de M. Ducos, alors ministre de la Marine, pour que M. Faidherbe fût nommé chef de bataillon et gouverneur de la colonie. Le ministre de la guerre, maréchal Vaillant, ayant consenti à la nomination au grade de chef de bataillon, le ministre de la Marine nomma le commandant Faidherbe gouverneur du Sénégal.

Jean Etienne Théodore Duclos

Jean Etienne Théodore Duclos (1801-1855) - Ministre de la Marine et des colonies



Le 16 novembre 1854, Louis Léon César Faidherbe, chef de bataillon, puis lieutenant-colonel et colonel du génie, remplace Auguste-Léopold Protet, au poste de Gouverneur du Sénégal.

Louis Léon César Faidherbe

Louis Léon César Faidherbe (1818-1889), peint par Marie-Madeleine Rignot-Dubaux.


En cours de l’année 1852 Louis Faidherbe fut nommé sous-directeur du génie au Sénégal. En cette qualité, il participa en septembre et octobre 1853 à l'expédition dirigée par le commandant de la division navale, Baudin, contre Grand-Bassam. Les gens de cette région s'étant révoltés, Baudin emmena de Gorée 700 hommes; il construisit à Dabou, avec ses sapeurs, un blockhaus pour loger la garnison.
En 1854, il faisait partie de l'expédition de Podor et y rétablissait un fort.

Conquête du Oualo

Source Gallica -BNF Annales sénégalaises 1854-1885
Après une vigoureuse leçon, donnée le 15 janvier 1855, au village de Bokol qui faisait déserter nos soldats noirs, et à la suite de laquelle le Dimar nous accorda une satisfaction complète sur tous les points en litige , le nouveau gouverneur du Sénégal dut procéder à l’ exécution des ordres ministériels; il s'occupa d'abord de la question du Oualo, le moment des escales n'étant pas encore venu.

Comme les autres années, les tribus Trarza, nommées El-Guebla (les Méridionales), c'est-à-dire les Takharedjent , les Dagbadji , les Ouled-Akchar et Ouled-Béniouk (Azouna) et les Ouled-bou-Ali, avaient passé sur la rive gauche avec leurs tentes et leurs troupeaux et commençaient , malgré les anciens traités, à exercer leurs ravages ordinaires sur les contrées voisines. Comme ces tribus étaient encore sur les bords mêmes du fleuve, il était facile de les enlever toutes à la fois , au moyen de la garnison de Saint-Louis et des bateaux à vapeur de la flottille.

Attendre l'arrivée du roi des Trarza, qui était encore dans l'intérieur, et lui demander l'évacuation du Oualo, cela eut été pris pour une plaisanterie par ce chef orgueilleux et tout puissant qui, non seulement était maître du Oualo, mais faisait tout ce qu'il voulait dans le Dimar, dans le Djolof, dans le Cayor et chez les Brakna. La reine du Oualo elle-même, quoiqu'elle ne fût que la très humble servante de Mohammed-El-Habib et de son fils Ely (son neveu à elle), avait osé écrire au gouverneur, dans les premiers jours de 1855, pour lui intimer l'ordre d'évacuer les îles de Roup , de Diombor , de Thionq , etc. , îles qui entourent Saint-Louis à une portée de canon.

C'est pourquoi, décidé à employer les moyens propres à assurer sérieusement l’ exécution du programme tracé, le gouverneur voulut aller droit au but en attaquant immédiatement les Maures du Oualo. Ce n'était du reste que faire respecter les traités. Malheureusement, Chems, chef des Aidou-El-Hadj (Darmancours), étant venu à Saint-Louis et s'y étant assuré qu'on voulait enfin sérieusement les réformes dont il était question depuis nombre d'années, jeta l'alarme chez les El-Guebla, fit battre le tam-tam de guerre dans le Oualo et avertit les tribus de se mettre en lieu sûr, parce que, indubitablement, les blancs allaient tomber sur elles, comme ils l'avaient fait sur Bokol.
Cela dérangea les combinaisons arrêtées , car les tribus suivirent ses conseils,les unes en s'enfonçant un peu dans le Oualo, les autres en repassant promptement sur la rive droite. Une seule ne bougea pas, celle des Azouna. Cette tribu de brigands , dont le nom seul faisait trembler le Oualo, le Cayor et le Djolof, était tellement habituée à inspirer l'effroi, qu'elle ne supposait même pas qu'on osât l'attaquer. Elle resta campée entre Diekten et Tiaggar, on dut donc se contenter de faire une tentative sur les Azouna et on organisa une razzia contre eux.

15 février 1855. Une petite colonne composée de 50 hommes de la garnison de Podor, et des compagnies de débarquement du Galibi, du Grand- Bassam du Marabout et du Rubis, commandée par M. Desmarais, lieutenant de vaisseau, descendit de Dagana, sur le Rubis, dans la nuit du 14 au 15 février, et débarqua à deux heures du matin, à deux lieues au-dessus de Tiaggar.
5O spahis partis de Dagana la veille au soir, sous le commandement de M. le capitaine Bilhau, avaient passé la Taouey à minuit, étaient venus reconnaître M. Desmarais au lieu de son débarquement et descendaient avec lui vers Tiaggar.
De son côté, le Gouverneur partit de Saint-Louis avec les troupes de la garnison le 14, à une heure de l'après-midi , sur l’ Épervier, l’ Anacréon et les deux bateaux écuries. Sous prétexte d'un vol imaginaire , on avait fait bloquer l’ île depuis le matin par la police et par les douaniers, pour que les préparatifs du départ ne pussent pas être signalés au dehors.
Détail carte de la banlieue de St Louis, du Oualo, du N Diambour levée et dressée par M. Bois, capitaine d'état-major; assisté de M. Frey, sous-lieutenant d'infanterie de marine en 1870

Carte de la banlieue de St Louis, du Oualo, du N Diambour levée et dressée par M. Bois, capitaine d'état-major; assisté de M. Frey, sous-lieutenant d'infanterie de marine en 1870 - Source Gallica - BNF Clic...


Le 15, à cinq heures du matin, la colonne débarquait à 200 mètres au-dessous de Diekten, avec un obusier de montagne, et s'avançait dans l’ obscurité pour chercher le camp des Azouna. A la pointe du jour, on arrivait sur le camp composé de 130 tentes environ, mais les Maures éveillés par les femmes qui pilaient le mil, et qui nous avaient entendu venir, étaient déjà en pleine fuite devant nous avec leurs troupeaux, abandonnant leurs tentes, tous leurs effets, leurs vivres, leurs marchandises et une centaine de têtes de bétail , de chevaux et d'ânes.
Comme cela était prévu , ils tombèrent dans la colonne qui arrivait au même moment par le haut du fleuve, et le capitaine des spahis Bilhau les chargea à fond, leur tua 6 ou 7 hommes et leur enleva 700 bœufs et 69 prisonniers, la plupart femmes et enfants. L'infanterie appuya le mouvement et contribua par tous ses moyens à cette brillante affaire.
Le camp des Azouna fut pillé par les volontaires de Saint-Louis, qui y firent un très riche butin , et les tentes furent livrées aux flammes, de sorte qu'en deux heures il ne restait plus une trace du camp de cette tribu tant redoutée.

Après avoir pris un moment de repos et avoir relâché environ 60 individus du village de Tiaggar qui avaient été pris en même temps que les 69 Azouna, la colonne se mit en route pour Richard-Toll, où elle arriva dans l'après-midi. Les hommes , quoique fatigués, étaient gais et bien portants. Les spahis étaient restés vingt-deux heures à cheval.

Une des grandes inquiétudes de la population de Saint-Louis, c'était de manquer de lait et de beurre pendant la guerre avec les Maures, comme cela était arrivé dans des circonstances analogues. Pour éviter cet inconvénient, en même temps que le Gouverneur partait pour la razzia des Azouna, il envoya M. le lieutenant de vaisseau Butel avec le bateau à vapeur le Serpent et une flottille d'embarcations armées, pour enlever et amener dans l'île de Roup , auprès de Saint-Louis , les troupeaux de la tribu des Tendra, marabouts qui approvisionnent la ville et qui se trouvaient près de Mbéray. M. Butel dirigea parfaitement l'opération qui eut un succès complet , en ce sens qu'il ramena 600 vaches, à la grande satisfaction des habitants de Saint-Louis, assurés de ne pas manquer de sanglé pendant toute la durée de la guerre.

La reine du Oualo, Ndété-Yalla, et ses gens, stupéfaits en apprenant la destruction du camp des Azouna et la razzia faite sur les Tendra, furent bien embarrassés sur le parti qu'ils avaient à prendre. Il paraît même que, dans le premier moment, ils refusèrent d'accueillir quelques Azouna fugitifs ; mais bientôt l'ascendant , l'intimidation exercés de longue date par les Maures, et les mauvaises dispositions à notre égard des captifs de la couronne, l'emportèrent sur les sympathies ou les craintes que nous pouvions inspirer, et ces malheureux Ouolof prirent la fatale résolution de se mettre avec leurs oppresseurs contre nous qui voulions cette fois sérieusement les en délivrer.

Le gouverneur avait cependant écrit aux chefs du pays qu'il allait prochainement achever d'en chasser les Maures; bonnes paroles, cadeaux, promesses , il n'avait rien négligé pour que Ndété Yalla et son peuple, comprenant leurs intérêts, se joignissent à nous dans l'œuvre d'affranchissement de la rive gauche. Tout cela fut inutile et le Oualo commença le premier les hostilités contre nous, comme on va le voir, par une insigne trahison.

Ndaté Ylla Mbodj - Linguère du Oualo

Ndaté Yalla Mbodj (1810-1860) - Linguère du Oualo


En février 1855. Décidé à marcher directement sur la capitale du Oualo en pénétrant dans ce pays par le pont de Leybar, Lampsar et Ross, le gouverneur Faidherbe voulait rejeter les tribus qu'il s'attendait à y trouver et à voir fuir devant lui, sur une petite colonne auxiliaire partant de Richard-Toll, sous le commandement de M. Desmarais et longeant la Taouey et le lac jusqu'à Nder.
A cet effet, le capitaine Bilhau avait reçu l'ordre de se rendre le 23, de Dagana à Richard-Toll, avec un peloton de spahis, pendant que l' aviso à vapeur le Grand-Bassam devait y amener plusieurs compagnies de débarquement.
Parti à six heures du matin, M. Bilhau s'étonna de trouver les habitants en armes dans les premiers villages près desquels il passa , mais sur leurs protestations qu'ils ne feraient pas la guerre aux Français, tant que ceux-ci ne leur feraient pas de mal, il continua sa route.
Arrivé à la hauteur de Mbilor et de Keurmbay, il reconnut, à n'en plus douter , qu'il était tombé dans un guet-apens et se vit bientôt en présence d'un grand nombre de fantassins et de cavaliers qui , se promettant d'avoir bon marché de la poignée de spahis qu'il commandait, commencèrent à l'entourer de toutes parts.
M. Bilhau, dans cette circonstance critique, chercha de quel côté il avait le plus de chance d'opérer sa retraite. Il fit demi-tour, et, retournant rapidement sur ses pas, il parvint à distancer un instant la nuée d'ennemis qui le poursuivaient avec acharnement; mais, un marigot lui barrant le passage, il se vit bientôt acculé dans l'angle de ce marigot sur les bords mêmes du fleuve. Décidé à vendre chèrement sa vie, il fit mettre pied à terre à ses spahis, plaça ses chevaux à l'abri sous la berge, et par un feu de mousquetterie bien nourri, il chercha à retarder le moment fatal et inévitable où, écrasé parle nombre, il serait enlevé ou massacré. Déjà deux spahis étaient blessés et un cheval enlevé, lorsque l' apparition du bateau à vapeur le Grand-Bassam qui avait reçu l'ordre de naviguer de manière à protéger au besoin l’ escadron , vint le sauver d'une perte certaine. M. l'enseigne de vaisseau Méron mit à terre les compagnies de débarquement, sous les ordres de M. l'enseigne de vaisseau Fougères ; au moyen de ce renfort et avec l'aide de l’ artillerie du bateau, on repoussa vigoureusement l’ ennemi en lui faisant éprouver quelques pertes et le bateau transporta les spahis à Richard-Toll.

Détail carte de la banlieue de St Louis, du Oualo, du N Diambour levée et dressée par M. Bois, capitaine d'état-major; assisté de M. Frey, sous-lieutenant d'infanterie de marine en 1870

Carte de la banlieue de St Louis, du Oualo, du N Diambour levée et dressée par M. Bois, capitaine d'état-major; assisté de M. Frey, sous-lieutenant d'infanterie de marine en 1870 - Source Gallica - BNF Clic...


En présence de ces faits et du soulèvement général du Oualo , la petite colonne de M. Desmarais, sans moyens de transport pour son artillerie, ne put s'engager dans le pays et se borna, après un engagement avec les gens de Ndombo, d'une rive à l'autre de la Taouey , à contenir les populations voisines et à brûler les villages de Khouma et de Mbilor.

Pendant que cela se passait à Richard-Toll , le gouverneur était en route avec la colonne principale composée d'environ 400 hommes de troupes de toutes armes, et d'autant de volontaires avec deux obusiers et un peloton de spahis.

Fort de Richard Toll en 1890

Fort de Richard Toll en 1890

Ces volontaires étaient des gens de Saint-Louis qui avaient l'habitude d'aider les gouverneurs dans les expéditions. Pour la guerre sérieuse qu'on entreprenait alors, on leur fit comprendre qu'ils ne pourraient plus , comme autrefois , marchander leur concours, et qu'on ne leur permettrait plus de discuter, en pleine expédition, s'ils continueraient ou non à marcher. Une fois bien avertis , ils montrèrent toute l’obéissance qui convient à des troupes, firent preuve de courage et de dévouement dans bien des circonstances et rendirent de très bons services, surtout dans les razzias.

Partie de Bouëtville le 21 février 1855, la colonne avait passé le pont de Leybar , nouvellement construit , et bivouaqué près de ce village. Nos moyens de transport organisés avec des ânes et des bœufs porteurs auxquels on avait eu le tort de mettre des croupières dont ils n'avaient pas l'habitude, nous avaient déjà beaucoup retardés et nous avaient causé mille désagréments.
Le second jour, on se rendit à Lampsar, en passant le marigot des fours à chaux, en face de Diaoudoun, point important où il a été construit depuis un pont qui nous donne accès de plain-pied dans le Oualo , comme celui de Leybar nous donne accès dans le Cayor. Dans cette seconde journée de marche, nos transports nous avaient donné tant de mal qu'il n'y avait pas moyen de continuer à s'en servir pour s'engager dans le cœur du pays. Cependant, renoncer à l'expédition après avoir annoncé au Oualo une marche sur Nder, cela eut produit un effet désastreux : il fallut donc prendre un parti extrême.
On décida qu'on laisserait là tous les bagages, les sacs et couvertures des soldats, qui les chargeaient trop. C'étaient des couvertures très lourdes, des couvertures d'hôpital, la colonie n'ayant pas alors de petites couvertures de campement. On distribua à chacun douze biscuits pour six jours. Les hommes mirent leurs cartouches et leurs biscuits dans leurs sacs de campement, et la colonne ainsi allégée se mit en marche avec un troupeau de bœufs à abattre.

On trouva les villages de Killen et de Ross abandonnés, malgré les lettres rassurantes que le gouverneur avait envoyées à Béquio, chef de cette province. On respecta ces villages. La colonne eut à traverser de nombreux marigots , où les hommes avaient de l’eau au-dessus de la ceinture , et où les obusiers de montagne traînés disparaissaient complètement sous l’ eau; on se tira gaiement de ces difficultés qui avaient étonné les troupes au premier abord.

Carte du Sénégal de Podor à Saint-Louis, avec les itinéraires des colonnes expéditionnaires du Sénégal pendant les années 1855-1856 par L. Faidherbe,dessiné par le sergent Galibardy

Carte du Sénégal de Podor à Saint-Louis, avec les itinéraires des colonnes expéditionnaires du Sénégal pendant les années 1855-1856 par L. Faidherbe,dessiné par le sergent Galibardy - Source Gallica - BNF Clic...


Le 25 février 1855 au matin, dans les environs de Dioubouldou, on se trouva en présence de l'armée des Maures et du Oualo réunies elle nous présentait le combat à l’ entrée d'un bois qu'il faut traverser pour aller à Nder. L'ennemi était sur la lisière et en dehors du bois , la cavalerie au centre et deux corps de fantassins aux ailes. Entre ces groupes et nous, se trouvait une plaine couverte d'herbes touffues et hautes de six pieds. Un grand nombre d'hommes y étaient embusqués. Un autre corps composé de cavalerie et d'infanterie maure, principalement des Dakhalifa, cherchait à nous tourner par notre gauche pour nous envelopper.

On déploya en avant une ligne de tirailleurs composée de la compagnie des carabiniers du capitaine Benoît et de volontaires; les spahis furent avertis de se préparer à charger; on tira deux coups d'obusiers ; les tirailleurs prirent le pas de course, débusquèrent presqu' à bout portant les noirs cachés dans l’ herbe ou dans les buissons et les spahis s' élançant alors au galop sous le commandement de M. le capitaine de Latouloubre, complétèrent la déroute de l’ ennemi à grands coups de sabre sur la tête des fuyards.

Spahis sénégalais en tenue de campagne 1889

Spahis sénégalais en tenue de campagne 1889

Une trentaine de cadavres restèrent sur le champ de bataille et les fuyards firent quatre lieues sans se retourner avec leurs nombreux blessés. Pendant que cela se passait , notre arrière-garde renforcée d'une compagnie et commandée par M. le capitaine Bruyas , repoussait vigoureusement les Maures et les forçait à la retraite.

Nous n'eûmes dans cette brillante affaire que trois hommes tués : un sergent d'infanterie, un spahis et un volontaire, et trois hommes blessés, deux volontaires et le canonnier Couderc, qui reçut une balle dans l'œil en pointant son obusier à portée de pistolet de l'ennemi.

La colonne , sans s'arrêter sur le champ de bataille, continua sa marche et arriva à Nder, après avoir brûlé les villages de Dakhalifa et de Naéré, que nous trouvâmes abandonnés. Cette marche sur Nder fut excessivement pénible. Le manque d'eau fit beaucoup souffrir les hommes. Nder fut pillé et brûlé par les volontaires, ainsi que le village de Témey où l' on avait dit que l'ennemi nous attendrait, ce qu'il n'osa pas faire.

Les guerriers du Oualo, qui étaient partis le matin de Nder pleins de confiance et emportant des cordes pour attacher les nombreux captifs qu'ils devaient faire dans la balaille, étaient revenus, après leur défaite, abrutis par la peur, prendre la reine et les femmes qui étaient restées dans le village. Ils disaient : « Ce ne sont pas des hommes que nous venons de combattre, mais des démons. » Ils se dispersèrent de tous côtés dans les bois.

Détail carte de la banlieue de St Louis, du Oualo, du N Diambour levée et dressée par M. Bois, capitaine d'état-major; assisté de M. Frey, sous-lieutenant d'infanterie de marine en 1870

Carte de la banlieue de St Louis, du Oualo, du N Diambour levée et dressée par M. Bois, capitaine d'état-major; assisté de M. Frey, sous-lieutenant d'infanterie de marine en 1870 - Source Gallica - BNF Clic...


Les volontaires de Saint-Louis s'étaient bravement conduits pendant le combat. Amadou-Sar porte-drapeau des volontaires du Sud, les avait guidés au feu avec beaucoup d'entrain.

Le sérigne de Nder et son taliba, qui étaient venus rôder le soir autour de notre bivouac, furent tués par une patrouille qu'ils avaient provoquée les premiers.

Le 26 février 1855, la colonne se dirigea de Nder sur Diekten ; dans la route et au moment de la grand'halte, on enleva un troupeau de bœufs et les spahis eurent un engagement avec un parti de cavalerie qu'ils surprirent dans un bois et qui accompagnait Marosso, le mari de la reine, et quelques chefs du Oualo.
Cinq de ces cavaliers furent tués, et leurs chevaux, parmi lesquels celui de Marosso lui-même, restèrent entre nos mains. Le volontaire Alioun-Sal se distingua dans cette journée et l' on fit encore une vingtaine de prisonniers de la tribu maure des Ouled-Dahman.
Détail carte de la banlieue de St Louis, du Oualo, du N Diambour levée et dressée par M. Bois, capitaine d'état-major; assisté de M. Frey, sous-lieutenant d'infanterie de marine en 1870

Carte de la banlieue de St Louis, du Oualo, du N Diambour levée et dressée par M. Bois, capitaine d'état-major; assisté de M. Frey, sous-lieutenant d'infanterie de marine en 1870 - Source Gallica - BNF Clic...


De Diekten, on alla le 27 à Richard-Toll, on l’ on passa la Taouey.
Le 1er mars, pour tirer vengeance de la trahison dont s'étaient rendus coupables les riverains de la Taouey , nous brûlâmes les grands villages de Ndombo, Ntiago, Keurmbay, etc. Nous faillîmes prendre en bloc la population fugitive de ces villages; malheureusement, le hasard nous fit suivre un sentier qu'elle venait de quitter pour se jeter dans les broussailles et nous ne fîmes qu'une quinzaine de prisonniers; mais, rien ne peut donner une idée de la terreur que notre poursuite inspira à ces malheureuses populations, entraînées dans cette guerre par quelques chefs vendus aux Maures.

En somme, en dix jours, on avait pris 2,000 bœufs, 30 chevaux, 50 ânes, un très grand nombre de moutons, 150 prisonniers, on avait tué environ 100 hommes à l'ennemi, fait un butin considérable et brûlé 25 villages. Tout cela ne nous avait coûté que 3 hommes tués, 8 blessés et 3 chevaux perdus. La reine du Oualo se réfugia dans le Cayor avec ses gens et quelques Maures.

Un parti du Oualo, celui des Djios, qui peuple les villages du bord du fleuve, vint faire sa soumission. On s'empara définitivement du village de Dagana, et les habitants qui l'avaient abandonné pour se joindre à nos ennemis, n'y rentrèrent qu'en jurant de ne reconnaître, à l'avenir, d'autres maîtres que les Français.

Pendant ces opérations, tous les bâtiments de la flottille surveillaient les deux rives du fleuve, de Saint-Louis à Podor, et M. Rebell, enseigne de vaisseau, commandant de l'Anacréon faisait une razzia de bœufs.

Quelques semaines après, le 13 mars 1855, une petite colonne d'observation laissée à Richard-Toll, sous les ordres de M. le capitaine d'infanterie Chirat, s'étant rendue à Ntiago pour détruire les barrages qui interceptaient la navigation de la Taouey, trouva des gens du Oualo qui étaient revenus dans ce village pour prendre du mil. Ces gens ayant fait feu sur nous, le capitaine Chirat les fit attaquer par les spahis qui en tuèrent 8 et en prirent 4, parmi lesquels se trouvaient deux personnages assez importants. Un spahis fut blessé d'un coup de lance.

La reine étant toujours réfugiée dans le Cayor, les débris de l’ armée du Oualo s'étaient réunies à Diagan, village de l'intérieur, situé à quelques lieues de Mérinaghen. Les chefs annonçaient qu'ils étaient décidés cette fois à se faire tous tuer plutôt que d'abandonner ce dernier refuge. Ils l'avaient juré par le nez de leurs mères, serment le plus respecté des Oualof . Il était donc nécessaire d'aller les attaquer.

A cet effet, le gouverneur réunit une colonne qui s'embarqua le 14 mars, sur l’Épervier, remorquant les deux bateaux écuries.
Le 15 mars, nous débarquâmes à Richard-Toll;
le 17 mars, après avoir passé par Nder, nous allâmes brûler Sanent, ou l' on avait assassiné un traitant de Saint-Louis, le lendemain de la razzia des Azouna.
Le 18 mars, après avoir brûlé les villages de Nit et de Foss qui avaient trempé dans cette affaire , nous arrivâmes à Diagan. L'armée ennemie s'était empressée de l'évacuer à notre approche et était en pleine fuite dans le Cayor.

Nous continuâmes notre marche en brûlant Binier-Ndiak-Aram , Diaran, Ndiadier et quelques autres petits villages, nous respectâmes le village d'Ibba, habité par des gens inoffensifs et campâmes à Mbrar, sur les bords du lac de Guier.
Détail carte de la banlieue de St Louis, du Oualo, du N Diambour levée et dressée par M. Bois, capitaine d'état-major; assisté de M. Frey, sous-lieutenant d'infanterie de marine en 1870

Carte de la banlieue de St Louis, du Oualo, du N Diambour levée et dressée par M. Bois, capitaine d'état-major; assisté de M. Frey, sous-lieutenant d'infanterie de marine en 1870 - Source Gallica - BNF Clic...


Le 19 mars, nous arrivâmes à Mérinaghen. Le village de Lambay qui s'était mal conduit envers le poste, fut saccagé. On ménagea, au contraire, les villages de Diokoul, Moui et Mérina, qui n'avaient encore donné aucun sujet de plaintes.

Le 20 mars, la colonne partit de Mérinaghen pour effectuer son retour, et le 22, à sept heures du matin, elle arrivait à Richard-Toll , ayant fait dix- huit lieues en deux jours et deux heures, sans avoir un traînard et sans avoir un seul homme aux cacolets, résultat dû , en grande partie , au chef de bataillon Colomb, commandant de l'infanterie et à l’ excellent esprit des troupes et des officiers de toutes armes.

Une petite flottille d'embarcations, commandée par M. Fougère, enseigne de vaisseau, avait suivi dans le lac de Guier les mouvements de la colonne pour laquelle elle portait des approvisionnements.

En vingt jours, nous avions donc parcouru deux fois le Oualo, passé trois fois par la capitale de cet État et fait cent lieues de marche à terre; l'état sanitaire était excellent: les noirs déclaraient qu'ils ne reconnaissaient plus les toubabs (blancs) et qu'ils pouvaient à peine les suivre.

C'est pendant cette expédition que le gouverneur, voulant chercher à reconstituer le malheureux Oualo, offrit à Yoro-Diao, homme de bonne famille, qui s'était déclaré pour nous et nous avait servi de guide , de l'en nommer chef. Yoro-Diao déclina ce rôle pour lui-même, et proposa à sa place son frère Fara-Penda, réfugié dans le Cayor, et qui, du temps de M. Kernel , Gouverneur du Sénégal , en 1833, avait déjà combattu dans nos rangs avec beaucoup de dévouement.
Fara-Penda accepta, et,à partir de ce moment, il nous rendit les plus grands services en ralliant petit à petit les gens du Oualo et rétablissant les villages , tout en soutenant une lutte acharnée contre les Maures.

Le Oualo, dont la reine était toujours réfugiée dans le Cayor, se trouvait donc conquis de fait ; les guerriers de ce pays , naguère si fiers et si méprisants envers les blancs et les gens de Saint-Louis, ne nous avaient pas opposé une bien grande résistance : les Diambours (hommes libres), désignés sous le nom de Sib et Baor, servaient à contre cœur un gouvernement qui les avait écartés de toutes les places; les Badolo (simples particuliers) pillés continuellement par les Maures et par les chefs du pays , étaient découragés depuis longtemps et avaient perdu toute espèce d'énergie; les Diam Gallo (captifs de la couronne) seuls intéressés avec les Maures à défendre le gouvernement de Ndété-Yalla, n'étaient que de grands bandits abrutis par une ivresse continuelle à laquelle ils se livraient en compagnie de la reine ; habitués au brigandage à main armée, ils étaient susceptibles de montrer du courage dans certaines circonstances, surtout après boire ; mais l’ élan de nos tirailleurs et la charge des spahis à Dioubouldou les avaient démoralisés pour toujours. Quant à leur manière de combattre, elle n'avait présenté rien de particulier ; à Dioubouldou, ils avaient parfaitement choisi leur terrain, nous ayant laissé passer un large marigot pour nous attaquer entre ce marigot et un bois qu'ils occupaient, et nous faisant en même temps tourner pour nous interdire le passage du marigot en cas de retraite; mais les cavaliers n'avaient pas tenu un seul instant, les fantassins seuls , embusqués dans l’ herbe, nous avaient attendus presqu' à bout portant.

Leurs armes étaient des fusils de six pieds, et d'un très fort calibre, chargés outre mesure avec un grand nombre de balles , et leurs grands corps étaient ridiculement couverts et même chargés de gris-gris, ou amulettes enveloppées dans des sachets de cuir de toute forme.

Décembre 1855, L'intention du gouvernement n'était pas d'abord d'annexer le Oualo à notre territoire; on ne cherchait qu'à le reconstituer en lui laissant ses anciennes institutions, à la seule condition qu'il se mit en opposition avec les Maures.

Ce ne fut qu'en décembre 1855 , qu'en présence de l'obstination des anciens chefs du pays à se considérer comme sujets du roi des Trarza, le Oualo fut déclaré pays français et divisé en cinq cercles, sous des chefs nommés par nous : ces cercles étaient ceux de Khouma, de Nguiangué, de Nder, de Foss et de Ross.

  • Guerre contre les Trarza et leurs alliés du Oualo et des Brakna 1855-1860

  • Guerre contre Al-Hadji-Oumar et ses adhérents 1855-1867

  • Expéditions de Nguik, Niomré, Sine, Saloum 1856-1861

  • Expéditions de la Haute et Basse-Casamance 1860-1865

  • Expéditions du Cayor 1861-1883

  • Expéditions contre les Sérère 1862-1883

  • Expéditions contre le Fouta 1862-1881

  • Campagnes de pénétration vers le Niger 1880-1885